La justice fédérale américaine exécute pour la première fois depuis 17 ans
27 juillet 2020
Après 17 ans de moratoire, trois exécutions fédérales ont eu lieu la même semaine aux Etats-Unis. Danis Lewis, le 14 juillet 2020, Wesley Ira Purkey, le 16 juillet, Dustin Lee Honken, le 17 juillet. Une quatrième, celle de Keith Dwayne Nelson est prévue le 28 août.
Condamné en 2005 pour avoir tué cinq personnes, Dustin Lee Honken, 52 ans, a été déclaré mort le 17 juillet à 16h36 suite à une injection létale de pentobarbital, un puissant anesthésiant.
« Il a reconnu les crimes qu’il a commis et a passé sa détention à les expier », a déclaré dans un communiqué son avocat Shawn Nolan, en affirmant qu’il n’y avait « aucune raison » pour le gouvernement de vouloir l’exécuter.
La cour a rejeté toutes les requêtes et les possibilités de reporter son exécution. Un millier de dignitaires religieux ont manifesté leur soutien envers Dustin Lee Honken, appelant le président à la clémence.
« Dustin a travaillé chaque jour sa foi catholique qui était le centre de sa vie (...) L’homme qu’ils ont tué aujourd’hui était un être humain qui aurait pu passer le reste de sa vie à aider les autres et se racheter » de ses crimes, expliqua son avocat, Shawn Nolan.
Daniel Lee et Wesley Ira Purkey, exécutés en début de semaine, l’ont été aussi après de nombreux rebondissements judiciaires. Dans les deux cas, les avocats affirmaient que la santé des témoins présents lors de l’exécution était menacée en raison du coronavirus.
L’exécution de Wesley Ira Purkey a provoqué davantage de protestations. Purkey, reconnu coupable d'enlèvement, de viol et d’assassinat d’une jeune fille de seize ans en 1998, était au moment de son exécution, un homme de 68 ans atteint de la maladie d’Alzheimer. Exécuté 22 ans après son crime, il est mort sans savoir pourquoi.
"Nous pensons que procéder à son exécution violerait l'interdiction de la Constitution américaine d'exécuter des personnes qui ne sont pas compétentes pour comprendre la raison de leur exécution", indique une lettre envoyée par trois organisations de santé mentale au procureur des États-Unis, William Barr.
Après divers recours : une injonction interdisant l’exécution prévue émis par la juge Tanya Chutkan afin de vérifier l’état de santé du condamné, et une lettre de trois organisations de santé mentale, affirmant que la santé mentale de Purkey s'était détériorée pendant ses années dans le couloir de la mort, Wesley Ira Purkey, a été exécuté le 16 juillet.
Les querelles juridiques de dernière minute sont similaires à celles connu par Daniel Lewis Lee.
« Vous tuez un homme innocent » a déclaré dans un dernier soupir Daniel Lee, 47 ans, ancien suprémaciste blanc, reconnu coupable en 1999, du meurtre d’un couple et d’une fillette de 8 ans dans l’Arkansas lors d’un cambriolage. Le prétendu “meneur” du massacre a été condamné à perpétuité.
L’exécution prévue lundi a été reportée au dernier moment suite à des recours judiciaires, qui ont retardé la procédure. La Cour suprême a donné son autorisation pour procéder à l’exécution dans la nuit. Mais un appel a finalement suspendu la décision quelques heures de plus.
Alors que les juges ont examiné l’appel de dernière minute, Daniel Lee a été attaché à la civière pendant environ quatre heures tôt mardi matin. Il est resté avec son avocat et son conseiller spirituel, un ministre païen des Appalaches. La Cour suprême a finalement donné son autorisation pour procéder à l’exécution.
Refus du recours visant à interdire l’injection de drogue pour les exécutions
Lee était parmi plus d'une douzaine de personnes engagées dans une action en justice faisant valoir que l'injection de drogue viole les droits du huitième amendement - essentiellement, que les effets de la drogue après son administration constituent une punition cruelle et inhabituelle.
Alors qu'un juge du tribunal de district a reconnu que leur argument pouvait être fondé, les membres de la Cour suprême ne l'ont pas fait, affirmant que la drogue est devenue "un pilier des exécutions par l'État". Selon le tribunal, elle a été utilisée plus de 100 fois sans incident, elle est considérée comme moins douloureuse que les autres protocoles d'injection létale et son utilisation a été confirmée par plusieurs cours d'appel lorsqu'elles ont été contestées.
La Cour a précisé que les décisions de dernières minutes comme en l’espèce devait être l’exception, et écrivit que la question de la peine capitale devait revenir au public et leurs représentants, pas à la Cour.
Des soutiens inaudibles