Edito : Le pire, le meilleur et la force du faible
2 mai 2011
« Je suis capable du meilleur et du pire. Mais dans le pire, c’est moi le meilleur » disait Coluche dans un de ses sketch.
Je crois que cette phrase pourrait tout à fait s’appliquer à nos amis américains ! En effet, notre dossier de ce mois-ci sur les cas concernés par l’arrêt Avena et l’affront diplomatique fait au Mexique en est un parfait exemple. Nous retrouvons, à travers l’exécution d’Humberto Leal, privé comme beaucoup d’autres, de ses droits consulaires, ce qu’il y a de pire dans le système américain. L’appel incessant du système à la rétribution par le sang est symptomatique d’une justice défaillante qui fait fi de toutes considérations humaines (on le savait)… mais aussi diplomatiques et légales.
Le pire n’arrivant jamais seul, nous avons appris, il y a peu, qu’un juge du Texas venait à nouveau de signer un mandat d’exécution pour Hank Skinner, le 9 novembre prochain, se moquant éperdument de la décision de la Cour suprême de mars dernier autorisant les avocats de Hank à saisir le tribunal fédéral pour demander enfin que les tests ADN soient effectués. Nous vous tiendrons informés prochainement sur les formes de la mobilisation qu’ECPM va lancer en soutien à Hank en lien avec ses avocats. Vous pouvez cependant, d’ores et déjà, rejoindre Justice pour Hank sur facebook et faire un don en toute sécurité.
Le pire peut aussi venir du meilleur
Les révoltés de la place Tahrir sont en danger. Tandis que le pouvoir militaire reprend la main en arrêtant notamment les bloggeurs contestataires, comme Maikel Nabil qui a été condamné à 3 ans de prison (soutenez-le sur facebook), que les mouvements islamistes trustent maintenant cette révolution, le gouvernement intérimaire utilise la peine de mort comme moyen populiste pour « calmer le peuple » mais aussi pour l’oppresser. En effet, le nouveau gouvernement avait rencontré en juin le Conseil suprême des forces armées afin de lui proposer une loi criminalisant les incitations à la haine, les rendant passibles de la peine de mort, ce qui pouvait, par extension, concerner les manifestants et acteurs de la révolution. Tout dernièrement, l’ancien ministre de l’intérieur Habib el-Adli, accusé d’avoir ordonné les tirs sur la foule, a été condamné à mort, tandis que Hosni Moubarak risque lui aussi cette sentence lors de son procès qui vient de s’ouvrir. L’appel du sang et de la violence n’aidera pas cette révolte à mener à plus de démocratie.
Le meilleur peut aussi venir du pire
Un massacre irréel, exécuté froidement, méthodiquement, comme dans un jeu vidéo, voilà ce qu’a vécu la Norvège le 22 juillet dernier. Cet acte de haine et de folie a bouleversé un pays tranquille et ouvert. Cependant, je tiens à rendre hommage au peuple norvégien, incroyablement digne et fort malgré le traumatisme, qui par la voix de son chef de gouvernement, Jens Stoltenberg a réitéré que la réponse au carnage était "plus de démocratie, plus d'ouverture, plus d'humanité, mais sans naïveté". La Norvège montre la voie d’une justice forte et digne, fondée d’abord sur les principes démocratiques, plutôt que sur la vengeance.
Je tiens enfin, à rendre hommage à Ameneh Bahrami. Cette jeune femme iranienne, aveuglée et défigurée à l'acide, qui a pardonné à son agresseur et renoncé à l'application de la loi du talion, selon laquelle ce dernier aurait dû être aveuglé en retour. Cet acte montre, encore une fois, que les victimes ne demandent que justice et non l’injustice faite au nom de leur souffrance. C’est ça la force du faible : son humanité !
Raphaël Chenuil-Hazan