Chine : de la censure à la peine de mort, une question de libertés.
19 avril 2012
Le 17 Avril, le musée du Jeu de Paume a invité le Comité de soutien à Liu Xiaobo (dont ECPM est membre aux côtés d’autres organisations de protection des droits de l’homme), lequel a pour objectif le retour à la liberté totale et inconditionnelle de Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix 2010. Le citoyen chinois Liu Xiaobo est le seul Prix Nobel actuellement en détention. Il fut l'initiateur de la 'Charte 08' pro-démocratique, inspirée de la 'Charte 77' de Tchécoslovaquie, dont Vaclav Havel fut l'un des promoteurs.
A cette occasion, les représentants des organisations membres du comité Liu Xiaobo (ACAT, Agir pour les droits de l’homme, ECPM, FIDH, Human Rights Watch, LDH et Solidarité Chine) ont lu des textes de Liu Xiaobo ou d’autres dissidents chinois afin de rendre hommage à ces hommes courageux, qui au mépris des risques qu’ils encourent, œuvrent pour une Chine respectueuse des droits de l’homme.
Cette soirée s’est déroulée alors que pour la 1e fois en France, l'artiste chinois Ai Weiwei est exposé au Musée du Jeu de Paume. Un artiste hors normes, utilisant de manière quasi compulsive tout ce qui lui tombe sous la main : le pinceau de calligraphie, l'Ipad, l'appareil photo, la caméra, les blogs, le twitter chinois…
« Geek » et hyper actif, Ai Weiwei.est soumis à une surveillance 24 heures sur 24 de la police politique, il est bloqué à son atelier / domicile, alors même qu'il sort tout juste d'une arrestation qui s'est commuée en condamnation fiscale. Pour contester cette situation, l'artiste organise chez lui, le spectacle de sa persécution : il installe des webcams – de la cour à son lit – pour médiatiser sa mise à l'écart. L'absence de liberté à domicile illustrée par l'image… Effet réussi… quelques dizaines d'heures : les médias internationaux se sont émus, la police chinoise est revenue.
Ai Weiwei est un artiste critique qui permet de faire évoluer les consciences mais il se doit de respecter certaines limites pour ne pas mettre sa vie en jeu. Si cet artiste chinois n’est pas menacé de mort, combien sont ceux qui sont condamnés et exécutés pour avoir commis des actes contraires à l’ordre public chinois. Nous ne pourrons répondre à cette question puisque le nombre des condamnations à mort et des exécutions est un secret d’État. Rappelons simplement que 53 chefs d’accusation peuvent conduire à une condamnation à mort et que 6000 à 10 000 personnes seraient exécutées tous les ans en Chine.
Cette soirée a démontré que l’art est une merveilleuse manière de défendre la cause des droits de l’homme parce qu’il permet de diffuser l’information au plus grand nombre. ECPM souhaite que Liu Xiaobo puisse être libéré rapidement et que la Chine s’engage à respecter la liberté d’expression de ses ressortissants.
ECPM continuera à s’engager pour que la Chine prenne le chemin de l’abolition de la peine de mort.
Sylvie Lelan