Corée du Nord : purge au sommet de l’Etat


19 janvier 2014

Elimination physique
Début décembre 2013, les services de renseignements sud-coréens ont indiqué que l'oncle du jeune dirigeant nord-coréen avait été écarté de son poste et avait disparu. Deux de ses proches (Ri Yong-Ha et Jang Soo-Kil) ont exécutés en public à la mi-novembre. Tous les membres de l'armée ont été informés de ces exécutions.

Jang Song-Thaek, époux de la soeur de Kim Jong-Il (père du dirigeant actuel), a été pendant des décennies un des personnages clés du pouvoir en Corée du Nord, exercé par trois générations de Kim (grand-père, père et fils) depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. Il était vice-président de la Commission de défense nationale, considérée comme l'organe de décision le plus puissant du pays. Il était considéré comme le numéro deux du régime et mentor de son neveu depuis que ce dernier a accédé à la tête du pays, fin 2011.

Arrêté soudainement en pleine réunion politique, le haut dirigeant a été jugé le jeudi 12 décembre par un tribunal militaire spécial, qui l'a condamné à mort.
"L'accusé est un traître à la nation qui a perpétré des actes factieux contre le parti, et contre-révolutionnaires, afin de renverser la direction de notre parti et de l'Etat et du système socialiste".
Pendant son procès, Jang a reconnu qu'il avait tenté de fomenter un coup d'Etat en mobilisant ses complices à l'armée, selon l'agence officielle : "J'ai essayé d'attiser les plaintes du peuple et de l'armée contre l'échec du régime actuel à gérer la situation économique et les moyens de subsistance de la population, aussi affreux soient-ils".
La Corée du Nord a annoncé vendredi 13 décembre 2013 l'exécution de Jang Song-Thaek.

Cette purge, la plus violente au sommet de l'État depuis des décennies, vise à garantir la loyauté envers Kim Jong-un et consolider le pouvoir entre ses seules mains.
On peut penser que Kim Jong-Un se sentait menacé par Jang Song-Thaek car il était partie prenante dans quasiment tous les aspects politiques et militaires du pays : il représentait une autre source de pouvoir, et donc une menace.

Elimination politique
Dans les jours qui ont suivi, les médias nord-coréens ont effacé de leurs archives internet des dizaines de milliers d’articles : environ 35 000 articles ont disparu du site de l’Agence centrale d’information nord-coréenne (KCNA) ainsi que 65 000 articles en espagnol, anglais, chinois et japonais ; environ 20 000 articles ont également disparu des archives du Rodong Sinmun, le quotidien du Parti des travailleurs nord-coréen ; un documentaire rediffusé à la télévision nord-coréenne a été expurgé de toutes les séquences comprenant Jang.

La suppression de ces milliers d’articles s’explique par un effort de réécrire l’histoire et confirme l’objectif d’asseoir définitivement le jeune Kim Jong-un dans son fauteuil de dirigeant. L'élimination du numéro deux du régime fait suite à une vague d'exécutions publiques massives, destinées à frapper les esprits. Lire "80 à 100 exécutions dans les stades"