Des jeux pour débattre de la peine de mort
8 février 2014
« La dernière minute »… C’est le premier jeu que propose Mustapha Mezroui à des élèves de 12/14 ans quand, en Tunisie ou au Maroc, il rentre dans une classe pour parler de la peine de mort. Un jeu fort en émotions qui fait son effet. Le principe ? Jusqu’à ce que retentisse un coup de fusil, chaque élève doit fermer les yeux, écouter les « tics-tacs » du chronomètre et se mettre à la place soit du condamné à mort, soit du bourreau, soit encore de la victime. Résultat : « Certains sont effrayés, d’autres ont trouvé la minute extrêmement longue, mais tous ont envie de réagir et de partager ce qu’ils ont ressenti », explique le pédagogue.
Ancien professeur d’anglais et ex-directeur d’orphelinat, Mustapha Mezroui est depuis février 2013 chargé d’éduquer et sensibiliser à la peine de mort au sein de l’Organisation marocaine des droits humains. Pour lui, pas question de faire des cours magistraux. « Quand on sait que le temps moyen de concentration d’un jeune ne dépasse pas 12 à 15 minutes, il faut trouver des méthodes pédagogiques qui sortent de l’ordinaire et retiennent l’attention même quand il s’agit de parler d’un sujet aussi grâve que la peine de mort. »
Autre jeu qui fait recette auprès des adolescents : « Qui veut libérer un condamné ? ». Un quizz, caclé sur le célèbre jeu télévisuel de « Qui veut gagner des millions », qui permet ici de tester les connaissances des élèves sur la thématique de la peine de mort. Il y a aussi le jeu plus classique de la phrase à remettre dans l’ordre : « Je leur donne un stock de mots limité avec lesquels ils ne peuvent écrire qu’un seule phrase… celle qui, quand on est au Maroc, correspond à l’article 20 de la Constitution marocaine relative au droit à la vie. Ce qui permet de les éveiller aux textes jurdiques fondamentaux. »
Pour Mustapha Mezroui, l’essentiel est de « pousser les jeunes à réfléchir par eux-mêmes sans imposer une vision ». « Au Maroc comme en Tunisie, la plupart des élèves se disent spontanément pour la peine de mort mais ne savent pas trop pourquoi. Donc mon objectif est de les amener à prendre conscience de la complexité du débat. » Et au final, après une intervention, combinée avec le témoignage d’un ancien condamné, « plus de 50 % des élèves disent avoir changé de point de vu sur la peine de mort. »
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Par Camille SARRET