Des poupées de chiffon racontent l’abolition


12 juin 2014

Robert Badinter en poupée de chiffon… C’est l’audacieux pari des Grandes Personnes. Dans La bascule, son tout nouveau spectacle, la compagnie de théâtre, installée à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis et spécialisée dans le jeu de marionnettes, met en scène le procès où tout a basculé pour l’avocat français. Le procès de Roger Bontems.

Le 29 juin 1972, Roger Bontems, ancien militaire de la guerre d’Algérie devenu délinquant récidiviste, est reconnu complice de Claude Buffet dans une affaire sanglante de prise d'otages à la prison de Clairvaux. Alors qu’il n’a pas commis de meurtre, il est condamné à mort. Robert Badinter est ulcéré. Mais rien n’y fait. Ni le pourvoi en cassation ni la demande de grâce auprès du président Georges Pompidou. Robert Badinter ne parvient pas à sauver son client de l’échafaud.

« Ce procès est un terrible échec pour Badinter mais c’est ce qui transforme l’avocat en militant pro-actif », analyse le comédien Benoît Hamelin. « C’est une étape décisive qui pose tous les enjeux de l’abolition, rénchérit le plasticien de la troupe Christophe Evette. Or, je trouve qu’on a trop vite oublié cette page de notre histoire. C‘est pour cela qu’on voulait en parler. Pour moi qui suis né dans les années 70, l’abolition de la peine de mort reste l’événement le plus marquant de ma vie. C’est ce qui a sorti la France de la barbarie. »

Un sujet grave que la compagnie de théâtre a osé transposer dans un univers enfantin qui permet de jouer entre cruauté et humanité avec subtilité. Des poupées de chiffons pour incarner les protagonistes. Une prison en miniature et une guillotine en pièces détachées. Le tout mis en mouvements et en paroles par deux comédiens sur le plateau. Le résultat est d’une rare justesse. Pas de pathos mal placé. Pas de sur-jeux. Rien que des faits racontés avec des mots simples et des vrais moments de grâce dans le jeu des marionnettes.

La pièce ne se contente pas de faire revivre le procès Bontems. Elle va jusqu’au magnifique discours que Robert Badinter prononça en tant que garde des Sceaux le 17 septembre 1981 devant l’Assemblée nationale pour obtenir l’abolition définitive de la peine de mort. Après la représentation, la compagnie propose également une courte mais efficace exposition sur la peine de mort aujourd’hui dans le monde avec l’appui d’Ensemble contre la peine de mort (ECPM). L’ensemble est destiné à tourner dans les théâtres en France et à être joué dans la rue pour petits et grands.

Camille Sarret

Jeu : Benoît Hamelin et Maximilien Neujahr
Texte : Jean-Baptiste Evette
Mise en scène : Christophe Evette
Accompagnement artistique : Nicolas Gousseff
Sculptures textiles : Fleur Marie Fuentes
Construction et menuiserie : Maurizio Moretti
Illustrations : Meescat
Accessoires : Amora Doris, Matisse Wessels, Jean Martin et Mandarine Jacquet Gregg

14 juin à 15h30 et 19h30 : Les Petits Pois – Clamart
15 juin à 15h05 et 19h30 : festival Coulée Douce à Paris 12°, promenade Plantée/Jardin de Reuilly
28 juin à 14h et 17h et 29 juin à 15h : festival de l’Oh ! Paris 12°, escale de Bercy, au pied de la passerelle Simone de Beauvoir.
24 au 28 juillet : festival Chalon dans la rue – Chalon sur Saône
12, 13 et 14 septembre : festival Cergy Soit – Cergy Préfecture