« Déshumanisé » : ECPM publie une nouvelle mission d’enquête dans les couloirs de la mort indonésiens
10 octobre 2019
Ce jeudi 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, ECPM et ses partenaires KontraS et ADPAN se rassemblent à Jakarta afin de marquer le lancement de leur mission d'enquête, « Déshumanisés », qui étudie la situation des prisonniers dans les couloirs de la mort indonésiens.
Actuellement, on estime que les couloirs de la mort indonésiens comptent entre 236 et 308 personnes. Bien qu'elles devraient toutes être placées dans des prisons de haute sécurité, le fléau de la surpopulation carcérale en décide tout autrement. Cette mission d’enquête a été réalisée dans 8 prisons choisies pour leurs différences, afin d’avoir un meilleur aperçu global.
Basé sur des recherches et des entretiens réalisés entre décembre 2018 et mai 2019, ce rapport constitue une référence unique sur le sujet. Les interviews auprès de condamné.e.s, personnel de prisons et avocat.e.s ont été réalisées par une équipe de trois membres de KontraS. D’autres interviews ont été réalisées auprès des familles des condamnés par l’auteure, Carole Berrih.
Rappel des faits
Le droit à la vie est reconnu par la Constitution indonésienne dans son article 28A : "Toute personne a le droit de vivre et de défendre sa vie et ses moyens de subsistance".
En Indonésie, on peut être condamné à mort pour un large éventail de crimes. La trahison, le meurtre aggravé, les crimes aériens, le trafic de drogue, la corruption, le terrorisme, l'abus sexuel des enfants et les crimes internationaux. Néanmoins, depuis l'indépendance, la peine de mort n'a été appliquée qu'à quatre types de crimes : subversion, meurtre aggravé, terrorisme et infractions liées à la drogue. Les ONG estiment que plus de 70 % de toutes les condamnations à mort enregistrées depuis 2015 concernent des infractions liées à la drogue. Les exécutions sont par peloton d’exécution.
Selon la législation nationale, certaines catégories de personnes sont exclues de la peine de mort. Les enfants, les femmes enceintes et les personnes atteintes d'un handicap mental si elles ont commis le crime en raison de leur handicap. Cependant, la législation ne contient aucune disposition spécifique concernant l'imposition de la peine de mort aux ressortissants étrangers. Ainsi, sur les 18 condamnés exécutés dans le pays entre 2015 et 2016, 15 étaient étrangers.
N'oublions pas qu'un de nos ressortissants se trouve dans les couloirs de la mort indonésiens depuis 2007: il s'agit du français Serge Atlaoui, qui a été accusé de trafic de drogues.