ECPM à Amman à l’occasion de l’assemblée générale de la Coalition mondiale
25 juin 2012
A l’occasion de la 10ème Assemblée générale de la Coalition mondiale contre la peine de mort, ECPM s’est rendu à Amman, le 16 et 17 juin 2012, à l’invitation du bureau régional de l’organisation Penal Reform International en Jordanie. Les représentants de différents pays (Jordanie, Italie, France, Tunisie, Tanzanie, Maroc, Mauritanie, Puerto Rico, Irak, Iran, Liban, Taïwan, Etats-Unis) se sont réunis pour faire le bilan de l’année écoulée et discuter de la stratégie future de la Coalition.
En perspective du prochain congrès régional qui aura lieu à Rabat le 18, 19 et 20 octobre 2012, ECPM a mis à profit cet évènement pour mobiliser les acteurs abolitionnistes de la région MENA. La première réunion du groupe de travail du programme scientifique du prochain Congrès s’est ainsi tenue à Amman avec les représentants des membres des coalitions marocaine, mauritanienne, tunisienne, libanaise et jordanienne. Ce groupe travaille à l’élaboration du programme scientifique pour le Congrès régional.
Le dimanche 17 juin, à l’occasion de la séance d’ouverture des réunions publiques, le Dr Mustapha Al Assaf, Secrétaire Général du Ministre de la justice jordanien, a rappelé que le moratoire imposé sur les exécutions en Jordanie depuis 2006 s’inscrit dans une volonté politique de parvenir à terme à l’abolition de la peine de mort. M. Habib Marsit, coordinateur de la Coalition tunisienne contre la peine de mort a présenté les nouveaux défis auxquels le mouvement abolitionniste tunisien est confronté. Malgré un « printemps arabe » qui traduit une aspiration aux droits de l’homme et la démocratie, les nouveaux mouvements arrivés au pouvoir en Tunisie et en Egypte s’opposent à toute abolition. L’urgence est aujourd’hui d’obtenir le maintien du moratoire.
Dimanche après-midi, ECPM a animé une table ronde sur la situation de la peine de mort dans la région du Moyen-Orient. Me Ziad Achour, représentant de l’association libanaise Justice et Miséricorde, a rappelé l’importance du travail à mener auprès du Ministère de la justice et des parlementaires libanais (AJEM). M. Ziad Naboulsi, de l’Association Libanaise pour l’Education et la Formation (ALEF), a souligné la nécessité de prendre en compte le contexte communautaire dans les actions de sensibilisation et plaidé pour une implication forte du mouvement abolitionniste sur les réseaux sociaux. M. Nael Abu Farah, coordinateur de la Coalition jordanienne contre la peine de mort, a précisé l’importance du rôle des coalitions nationales pour faire vivre le débat au sein des sociétés. De leur côté, M. Nasser Abood de la Coalition irakienne contre la peine de mort, et M. Rahman Javanamrdi, représentant l’ONG Iran Human Rights, ont rappelé la situation catastrophique de ces deux pays en matière de peine de mort, et ont insisté sur la nécessité de faire pression sur les autorités afin de réduire le nombre d’exécution.
Préparatifs de la prochaine journée mondiale contre la peine de mort
Des actions communes avec les partenaires de la région ont été planifiées pour la prochaine journée mondiale contre la peine de mort. En octobre prochain, avant le congrès régional, ECPM devrait retourner en Jordanie pour animer un débat à l’Université d’Amman, se rendre à Bagdad pour soutenir la Coalition irakienne contre la peine de mort et former ses membres aux mécanismes du droit international relatif aux droits de l’homme, et à Ramallah afin d’appuyer les actions de sensibilisation de l’association Leaders.
Plusieurs rencontres avec les autorités jordaniennes
En marge de l’Assemblée Générale, une délégation de la coalition mondiale contre la peine de mort conduite par M. Raphaël Chenuil-Hazan, directeur d’ECPM, a rencontré les autorités jordaniennes pour évoquer la situation de la peine de mort en Jordanie. En l’absence du Premier Ministre et du Ministre de la justice qui ont accompagné le Roi en Arabie Saoudite suite au décès du prince héritier Nayef Ben Abdel Aziz, des échanges ont eu lieu avec le Secrétaire Général du Ministère des affaires étrangères, le Président du Conseil de la Magistrature et le Ministre des relations avec le Parlement.
La délégation a invité la Jordanie à voter en faveur du moratoire au prochain vote de l’Assemblée Générale des Nations Unies en décembre 2012, en rappelant que cette position serait conforme à la politique poursuivie par les autorités en Jordanie. Elle a également rappelé la nécessité d’obtenir l’appui des autorités jordaniennes lors des évènements organisés par le mouvement abolitionniste mondial, notamment lors du prochain Congrès régional de Rabat en octobre prochain. Enfin, plusieurs pistes ont été évoquées afin de faire avancer le débat en Jordanie au niveau des parlementaires et de l’opinion publique.