ECPM obtient le statut ECOSOC


2 mars 2016

Excellente nouvelle ! Après un âpre lobbying, ECPM a franchi un cap décisif dans l’obtention du statut ECOSOC, qui ouvre les portes des institutions onusiennes tant à Genève (Conseil des Droits de l’homme), New York (siège de l’ONU et du Conseil de sécurité) qu’à Vienne (UNODC-Office de l’ONU contre le crime et le trafic de drogue).

Le Comité ONG de l’ONU est tristement célèbre pour être un sas de barrage aux ONG. Il réunit en effet la plupart des pays qui leurs sont hostiles. Sur les quelques 3000 ONG accréditées, ECPM sera la première ONG se consacrant à l’abolition de la peine de mort, c’est dire l’opposition de certains états à cette cause. Nous n’attendons maintenant plus que la validation formelle des membres de l’ECOSOC en avril. L’ECOSOC, conseil économique et social, est l'un des principaux organes exécutifs de l'ONU, 54 Etats-membres y participent. Sa fonction est d'examiner des questions économiques, sociales, culturelles, éducatives et de santé publique, et il joue un rôle important dans l'établissement des prescriptions prises par le CDH (Comité des droits de l'Homme). Il entretient des liens étroits avec les ONG qui peuvent alors influencer ses décisions grâce à leurs connaissances acquises sur le terrain. ECPM aura un rôle principalement consultatif (recueil d'informations), et pourra faire des requêtes qui pourraient jouir d'une influence sur les prescriptions établies ultérieurement. Nous pourrons également organiser des évènements parallèles aux cessions du CDH afin de porter à la connaissance des diplomates la réalité internationale de la peine de mort. Une nouvelle ère s’ouvre !

Urbi et Orbi, une bénédiction venue de Rome pour l’ensemble du monde chrétien (et au-delà !)
En parlant de nouvelle ère, le Pape François envoie la peine de mort dans les oubliettes de l’histoire catholique. En effet, après de nombreuses prises de positions fortes des deux Papes précédents, après le synode africain de 2010 affirmant clairement leur opposition à la peine capitale, le Pape François, lors de son homélie vaticane dominicale du 21 février et devant les dizaines de milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre, a prononcé un discours historique demandant de suspendre toutes les exécutions et appelant tous les chrétiens à promouvoir « une justice pénale ouverte davantage à l’espérance et à la réinsertion dans la société ». Le pape a lancé un « appel à la conscience des dirigeants afin d’arriver à un consensus international d’abolition de la peine de mort » après avoir rappelé le commandement « tu ne commettras pas de meurtre ». Il avait déjà posé un acte fort en septembre dernier se prononçant pour un moratoire devant le Congrès américain à Washington.

2016 une année d’élections
ECPM ne cesse de rappeler que l’abolition de la peine de mort est d’abord un choix politique. L’année 2016 va être riche en élections, en particulier sur le continent africain. Qu’elles soient présidentielles au Niger ou législatives en Iran, elles sont synonymes de changement. ECPM sera présent pour rester vigilant et accompagner les hommes et les femmes élus qui le souhaiteront vers des avancées abolitionnistes. Le prochain Congrès mondial qui aura lieu dans 3 mois (du 21 au 23 juin) à Oslo sera l’occasion parfaite pour accueillir un grand nombre de ministres venus signifier leur engagement.

Des nouvelles d’Ashraf Fayad et Ali al-Nimr
Je vous parle régulièrement de la situation désastreuse en Arabie saoudite. Ashraf Fayad voit sa peine de mort commuée en huit ans de prison et huit cents coups de fouet. Il avait été condamné à mort pour "apostasie" en novembre 2015. Même si sa vie est épargnée, la sentence n’en demeure pas moins abjecte et d’un autre âge. Il rejoint en cela le fameux blogueur Raïf Badaoui. Il ne faut pas cesser de dénoncer la situation dans ce pays et plaider pour sauver la vie du jeune Ali al-Nimr.

Honte à l’Etat de Géorgie, aux USA, pour avoir exécuté Brandon Jones
Enfin, je ne pouvais pas terminer cet article sans exprimer ma profonde tristesse suite à l’exécution de Brandon Jones en Géorgie. Il avait presque 73 ans. Brandon a passé 36 années dans les couloirs de la mort. 36 années d’horreur et d’humiliation, qu’il avait su mettre au service des autres. Il dénonçait, du fond de son cachot, les conditions misérables et inhumaines des prisons américaines, le racisme et la folie des hommes.

Que son âme repose en paix ! Et que l’abolition universelle advienne… enfin !

Raphaël Chenuil-Hazan
Directeur d'ECPM