Édito : L’incertitude du présent


22 décembre 2011

Info ou Intox ? Espoir ou désespoir ? Réjouissances ou inquiétudes ?
Voilà en quelques analogies résumées l’état d’esprit général dans lequel nous nous trouvons en cette fin d’année 2011, si riche en événements internationaux, porteurs d’horizons incroyables, amputée au fur et à mesure par des réalités géopolitiques dans lesquelles les droits de l’homme, de la femme et l’abolition ont moins le droit de cité que prévu.
En effet, les soulèvements arabes, puis les indignations collectives ont apporté beaucoup d’espoir de changements partout dans le monde. Mais ces « révolutions arabes » n’auraient-elles pas finalement accouchées d’un « printemps islamiste ». On serait tenté de le croire au vue des dernières élections.
Il s’agit maintenant de savoir si cet « islamisme modéré » est soluble dans la démocratie ? A moins que ce ne soit l’inverse ! Il est difficile de savoir à l’heure actuelle quelle sera la politique des gouvernements élus au Maroc, en Tunisie et en Egypte. Je tiens cependant à réaffirmer ici, la concordance manifeste du Coran avec les droits de l’homme et en particulier avec la peine de mort. La fameuse loi du talion, reprise dans l’ensemble des religions monothéistes, loin de prédire une justice vengeresse, ne fait que réaffirmer par une allégorie sanglante, le besoin d’une justice proportionnée, qu’il ne faut surtout pas prendre à la lettre mais « interpréter » encore et toujours afin de réparer les erreurs des hommes. La charia a su interpréter les textes pour appliquer des lois au regard du monde d’aujourd’hui. Je reste persuadé que des mouvements politiques musulmans pourront, eux aussi, porter une abolition de la peine de mort avec courage et obstination.

Si réjouissance il y a, en cette fin d‘année, c’est bien après la décision du procureur de Pennsylvanie, Seth Wiliams, de renoncer à saisir la justice pour un nouveau procès contre Mumia Abu Jamal. Mumia n’est plus condamné à mort et a rejoint depuis la prison de moyenne sécurité de Frackville (même s’il est encore à l’isolement pour un temps). Pourtant, il est difficile de pleinement se féliciter de cette décision, car comme l’a bien dit dans une tribune, Sandrine Ageorge-Skinner, administratrice d’ECPM, il s’agit « d’une décision lâche et mensongère qui n’est en fait qu’une deuxième condamnation à mort ». En effet, Mumia ne pourra pas avoir un nouveau procès et est condamné à passer sa vie en prison (il a déjà passé plus de 30 années enfermé). Il faut absolument pouvoir en parallèle porter le débat de la perpétuité réelle, celle qui ne laisse à l’homme que l’espoir de la mort.

La honte me vient également à l’évocation de deux cas, distincts l’un de l’autre, mais qui à eux deux illustrent parfaitement l’incroyable bêtise humaine, sanglante et aveugle de la vengeance d’Etat. Je voudrais ainsi évoquer le sort du petit Cristian Fernandez, 12 ans, accusé d’avoir tué son frère de 2 ans ½ et qui risque la prison à perpétuité en Floride, tandis qu’en Arabie Saoudite, Amina Bent Abdelhalim Nassar a été décapitée pour pratique de la sorcellerie. Nous sommes bien à l’aube de l’an 2012. Vous ne rêvez pas…
Je vous donne rendez-vous l’année prochaine pour un engagement abolitionniste réaffirmé par vous tous grâce à vos soutiens et votre aide au quotidien.
Bonnes fêtes de fin d’année où que vous soyez dans le monde.

Raphaël Chenuil-Hazan