Editorial : pour une mobilisation mondiale


16 mai 2013

« C'est à l'échelle mondiale qu'il faut désormais inventer de nouveaux concepts mobilisateurs, pour parvenir à cet idéal : l'égalité en dignité et en droit de tous les êtres humains. »
Françoise Héritier, anthropologue disciple de Claude Levi-Strauss.

à maintenant un mois du Congrès mondial, les équipes d’ECPM font tout leur possible en vue d’une large mobilisation politique internationale pour le Congrès de Madrid. Il est essentiel pour l’abolition d’impliquer les acteurs politiques, quels qu’ils soient, pour rendre un jour possible l’abolition en droit. Il faut pour cela inventer de « nouveaux concepts mobilisateurs ».

ECPM a ainsi initié un Groupe de soutien au Congrès mondiaux composés de nombreux pays abolitionnistes de tous les continents. On retrouve par exemple, l’Argentine, le Mexique, la Turquie, le Rwanda, le Maroc (via le CNDH), Monaco, la Norvège, l’Espagne, la Suisse et la France. Bien d’autres pays vont certainement rejoindre ce groupe informel. Leur rôle est de nous appuyer dans ce contact avec les plus hautes autorités des pays rétentionnistes ou non abolitionnistes en droit.

L’objectif principal de cette mobilisation est de toucher l’exécutif via les chefs de Gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et de la Justice (parfois les ministres de l’Intérieur). Plus prosaïquement, nous espérons la présence d’un grand nombre de diplomates et représentants des ministères qui pourront voir l’incroyable diversité des acteurs abolitionnistes et êtres touchés par la force de nos arguments.

La sortie à Tunis, le 30 mai prochain, de notre Mission d’enquête dans les couloirs de la mort tunisiens sera d’ailleurs un autre outil de mobilisation et de sensibilisation (voir l’interview de Samy Ghorbal).

La présence d’ambassadeurs de pays rétentionnistes « difficiles » sera déjà un grand pas dans le dialogue pour l’abolition. Il faut pouvoir convaincre que le choix de l’abolition est celui de l’avenir et de la raison. Pour cela, seule la rencontre et la confrontation des idées permettront d’avancer.

Charles de Gaulle disait dans ses Mémoires de guerre que « tout peut un jour arriver, même qu’un acte conforme à l’honneur et à l’honnêteté apparaisse en fin de compte comme un bon placement politique ».

L’engagement politique est aussi nécessaire de la part des pays abolitionnistes afin de démontrer l’enjeu mondial qu’est l’abolition de la peine de mort. Les militants de la société civile ne sont pas seuls. Ils travaillent main dans la main avec les diplomaties de dizaines de pays abolitionnistes qui œuvrent ensemble pour changer le monde et le rendre meilleur.

Enfin la mobilisation politique passe inéluctablement par les Parlements. Car in fine, c’est là que seront votées les éventuelles lois portant abolition. La présence au Congrès de très nombreux parlementaires du monde entier sera un gage de réussite du rôle mobilisateur des Congrès mondiaux.

Il est d’ailleurs bon de voir et revoir ci-dessous le discours de Robert Badinter devant le Parlement français, le 17 septembre 1981, qui marqua l’histoire de la vie politique française et l’histoire abolitionniste en général. Que ce discours serve d’exemple et d’inspiration aux hommes politiques d’aujourd’hui et de demain.

Raphaël Chenuil-Hazan
Directeur général ECPM
Vice-Président de la Coalition mondiale contre la peine de mort