« Des bulles pour l'abolition »
La BD comme vous ne l'avez jamais lue
Pédagogique, sensible et accessible à tous, l’exposition « Des bulles pour l’abolition » présente une sélection mondiale de vingt planches de célèbres illustrateurs, dont les histoires, chacune dans sa singularité, font écho aux principaux arguments abolitionnistes. Entrez dans le monde de chaque artiste, accédez à sa vision et découvrez la cause abolitionniste.
L'exposition a été créée par ECPM à l'occasion du 7e Congrès mondial contre la peine de mort, et exposée sur les grilles du Parc de Bruxelles, juste en face du Palais Royal, en février 2019. Elle a aussi été exposée sur le stand d'ECPM en septembre dernier à Paris, lors de la Fête de l'Humanité.
Cliquez sur l'une des planches ci-dessous pour l'agrandir, ou téléchargez le livret de l'exposition.
Avec une moyenne de plus d’une exécution par jour en 2017, l’Iran est le pays qui a compte le plus grand nombre d’exécutions par habitant au monde. Au moins 517 personnes ont été exécutées en 2017, et au moins 221 condamnations ont été pardonnées par les familles de victimes de meurtre.
Les moratoires sont des mesures fragiles auxquelles plusieurs pays ont mis fin arbitrairement. Le Tchad avait adopté un moratoire de 12 ans, avant d’exécuter 9 personnes en 2003. La Gambie n’avait plus exécuté depuis 27 ans avant de fusiller 9 personnes en 2012. Quant à la Thaïlande, elle n’avait pas eu recours à la peine capitale pendant 9 ans, avant d’exécuter 2 trafiquants de drogue en 2018.
Initialement, les bourreaux étaient occasionnels et exerçaient un autre métier. Avec le temps, l’exécuteur public est devenu un officier de justice.
Entre 1982 et 1999, Jerry Givens a mis à mort 62 condamnés dans l’État de Virginie aux USA. « Je n’ai jamais aimé cela, précise-t-il. Pour moi, à chaque fois qu’une exécution était annoncée, cela signifiait que j’entrais dans le rôle inverse, je devenais celui qui doit prendre une vie. »
Les principales méthodes d’exécution utilisées en 2017 et 2018 à travers le monde ont été les suivantes : la chaise électrique, la décapitation, la pendaison, le peloton d’exécution et l’injection létale. Celle-ci a été adoptée pour la première fois en Oklahoma en 1977 puis utilisée au Texas en 1982, créant un précédent. Par la suite, les autres États rétentionnistes ont décidé de la mettre en application. À l’instar de la guillotine qui n’est plus utilisée aujourd’hui, elle est considérée par ses partisans comme un châtiment moderne et « plus humain ».
Ahmed Haou a passé 10 ans dans le couloir de la mort au Maroc, pour avoir manifesté « pacifiquement » contre le régime du roi Hassan II. Depuis sa libération en 1998, il témoigne des actes d’humiliation qu’il a subis et qu’il qualifie de torture quotidienne et méthodique. « La porte de ma cellule s’est ouverte, à plusieurs reprises, non pas pour m’exécuter, mais pour me terroriser », confie Ahmed qui milite aujourd’hui pour l’abolition de la peine capitale dans son pays.
Quand un État juge que la vie n’a pas de valeur sacrée, il diffuse cette idée parmi ses habitants. C’est ainsi que la violence entraîne la violence. Au final, les pays qui utilisent la peine de mort ont des taux de criminalité plus fort que ceux des pays abolitionnistes. Le comté de Harris à Houston, Texas, a exécuté 130 personnes depuis 1982, plus que tous les autres États américains hormis le Texas. Pour autant, le taux de criminalité y a augmenté de 400% depuis que la peine de mort y a été rétablie en 1976.
Une punition qui interdit tout espoir est en réalité une torture. Les condamnés à mort vivent dans la peur constante d’être tués, et cette terreur perpétuelle dure bien souvent vingt ou trente ans. Pendant toutes ces années, dans de nombreux pays, ils sont souvent maintenus à l’isolement, vivent dans un dénuement extrême et sont torturés. Tommy Arthur, condamné à mort en Alabama, a vu, en 2016, sa date d’exécution repoussée à la dernière minute pour la septième fois depuis quinze ans. Il a donc passé sept fois sa dernière nuit, a dit adieu sept fois à ses proches et a vécu sept fois la terreur de son exécution imminente.
La plupart des pays qui utilisent la peine capitale ne résistent pas à la tentation d’en faire un outil de répression politique et/ou religieuse. On ne manifeste pas, on ne se bat pas contre une politique gouvernementale, quand le simple fait de donner son avis suffit à vous envoyer à l’échafaud. En 2018 en Arabie saoudite, Israa al-Ghomgham, une jeune femme activiste de 29 ans, a été condamnée à mort à la demande du procureur public saoudien, pour son engagement en faveur des libertés individuelles.
S’il est impossible d’obtenir des chiffres précis sur l’application de la peine capitale en Chine, ces données étant classées secret d’État, les exécutions sont estimées à environ 10 000 par an. Pour les autorités chinoises, la peine de mort reste un instrument indispensable par son exemplarité et son caractère dissuasif, même si ces deux éléments sont sérieusement mis en doute par les experts. Elle est ouvertement utilisée comme instrument de répression politique.
Susan Kigula a été condamnée à mort en Ouganda en 2002 et n’a cessé de clamer son innocence. Depuis sa cellule, elle a préparé un
diplôme en droit par correspondance à l’université de Londres, ce qui lui a permis de mener un combat aboutissant en 2009 à l’abolition de la peine de mort obligatoire en Ouganda. Susan a retrouvé la liberté en 2016.
Susan Kigula a été condamnée à mort en Ouganda en 2002 et n’a cessé de clamer son innocence. Depuis sa cellule, elle a préparé un diplôme en droit par correspondance à l’université de Londres, ce qui lui a permis de mener un combat aboutissant en 2009 à l’abolition de la peine de mort obligatoire en Ouganda. Susan a retrouvé la liberté en 2016.
Au cours des dernières années, plusieurs pays ont procédé à des exécutions publiques, comme l’Iran, la Chine, la Corée du Nord ou l’Arabie Saoudite. En 2017, Iran Human Rights et ECPM font état de l’exécution d’au moins 31 personnes dans des espaces publics iraniens.
Si aucune justice n’est à l’abri d’erreurs judiciaires, la peine de mort est elle, irréversible. Teng Xingshan a été exécuté en Chine en 1989 pour le meurtre et le viol d’une femme qui avait disparu. Mais cette femme est finalement réapparue en 1993.
« J’ai dû expliquer à mes petits-enfants que leur mère était condamnée à mort. Le plus grand a 14 ans. Il souffre à l’école car ses camarades se moquent de lui. Son niveau baisse, il est détruit, il souffre. » Celia Veloso (mère de Marie-Jane Veloso, condamnée à mort en Indonésie)
Arrêtée en juin 1994, Antoinette Chahine est condamnée à mort en janvier 1997 au Liban, accusée de participation au meurtre d’un prêtre et mêlée malgré elle aux activités de son frère, qui appartenait à un parti politique interdit. Après 5 années d’emprisonnement et une mobilisation internationale importante, elle est finalement innocentée et libérée le 24 juin 1999. À sa sortie de prison, son nom et son calvaire étaient connus dans le monde entier.
En 1990 aux États-Unis, l’exécution de Jessie Tafero tourne à la torture. La chaise électrique fonctionne mal, il reçoit trois décharges, sa tête prend feu, il lui faut 13 minutes pour mourir. Deux ans et demi après, il était innocenté. Pourtant, aujourd’hui encore et malgré ce risque, un Américain qui préférait mourir par électrocution que par injection létale, a été exécuté sur la chaise électrique, dans la soirée du jeudi 1er novembre 2018 dans le Tennessee.
Les États-Unis sont l’une des trois démocraties qui appliquent encore la peine de mort dans le monde, avec le Japon et l’Inde. Nous constatons tout de même un net recul de l’utilisation de la peine de mort aux USA : en 2018, le pays compte 20 états abolitionnistes, 19 rétentionnistes et 11 en moratoire.