Ensemble
6 décembre 2014
Cette année là, le millénaire venait de naître, et aux États-Unis, plus précisément au Texas – État américain champion de la criminalité et de la peine de mort (l’Amérique n’est pas à un paradoxe prêt) – , Odell Barnes est mis à mort le 1er mars. C’est à la suite de l’exécution de ce noir américain qui a, jusque sur son lit de mort, clamé son innocence, et dans la lignée de la mobilisation de Colette Berthès (fondatrice de l’association Lutte pour la justice en soutien à Odell) que les fondateurs d’ECPM décident de s’engager pour l’abolition.
Engagement d’abord marqué par la dénonciation du maintien de la peine capitale au pays du président Bush. Au point que la première appellation de l’association, fondée au mois d’octobre 2000, était "Ensemble contre la peine de mort aux États-Unis". Mais rapidement, après avoir lancé une campagne fulgurante contre la peine de mort au sein de la première puissance mondiale, dont la pétition avait recueilli pas moins de 500 000 signatures, les fondateurs prennent conscience que l’essence de leur combat se situe dans le « Ensemble contre la peine de mort ».
Certes, le maintien de la peine de mort dans le pays dominant la planète est un problème réel, notamment en terme d’exemplarité, mais pour faire reculer la pratique du châtiment suprême on ne pouvait se contenter de cette dénonciation. Les fondateurs d’ECPM en sont persuadés, c’est en fédérant les forces abolitionnistes sur l’ensemble de la planète que la peine de mort reculera. Les abolitionnistes sont des dizaines de milliers mobilisés dans le monde mais les uns et les autres cantonnés à leur pays, leur territoire, leur village… Dès lors, Ensemble contre la peine de mort naît et organise en 2001, le premier Congrès mondial contre la peine de mort à Strasbourg parvenant à mobiliser les plus grandes ONG droits de l’hommistes internationales et nombre d’associations nationales venues de tous les continents. L’année d’après, en 2002, toujours sous l’impulsion d’ECPM, la Coalition mondiale contre la peine de mort est portée sur les fonds baptismaux – elle compte à cette date plus de 150 organisations membres du monde entier…
Aujourd’hui, ECPM prépare son 6e Congrès mondial et a développé des congrès régionaux. Aujourd’hui, l’association développe des programmes au Maroc, en Tunisie, au Liban… pour soutenir les acteurs locaux et les accompagner dans la mise en place de coalitions nationales. En 2014, l’association met en oeuvre un programme ambitieux d’éducation à l’abolition pour que les jeunes d’aujourd’hui deviennent les abolitionnistes de demain…
Et le rassemblement porte ses fruits. Aux États-Unis, en Chine, sur le continent africain, la peine de mort recule et les exécutions marquent le pas. Jamais à l’Assemblée générale des Nations unies le vote pour la résolution sur un moratoire des exécutions n’a obtenu autant de voix… Presque 15 ans après, même si les défis à relever – notamment en Asie – sont encore nombreux, ECPM est fière d’avoir participé au développement d’une voie (et voix) universelle pour l’abolition. Presque 15 ans après, ce qui était une association portée par ses fondateurs bénévoles est devenue une organisation professionnalisée, certes de taille modeste (une petite dizaine de salariés), mais d’une efficacité qui ne se dément pas d’années en années. Parce que des fondateurs d’hier (dont l’un occupe encore la présidence de l’association) aux salariés d’aujourd’hui, un même esprit perdure, celui qui clame haut et fort que tous ensemble- et seulement tous ensemble-, on peut parvenir à mettre fin à la barbarie des exécutions, pour que plus jamais un Odell Barnes ne soit victime d’une justice qui tue.
Emmanuel Maistre
Secrétaire général ECPM