INTERVIEW… Nestor Toko Monkam : « Porter le message de l’abolition de la peine de mort à l’échelle du continent africain. »


16 novembre 2018

Nestor Toko Monkam, Président du Réseau des Avocats Camerounais contre la Peine de mort et avocat au Barreau du Cameroun, représentant d’ECPM lors de la 63e session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP).

En quoi votre participation en tant qu’acteur de la société civile abolitionniste africaine était-elle importante ?

« En tant qu’acteur abolitionniste, j’ai très souvent plaidé en faveur de l’abolition de la peine de mort dans mon pays, m’adressant à un public limité au niveau national. Fort opportunément, ma participation à la CADHP m’a permis d’évoquer la situation des droits de l’homme en Afrique et spécifiquement de porter le message de l’abolition de la peine de mort à l’échelle du continent africain et en présence des représentants des États africains et des organisations internationales. Cela a été l’occasion pour moi d’appeler les États africains qui n’ont pas encore aboli la peine de mort à le faire . Nous avons également lancé un appel pour que les états qui n’exécutent pas officialisent leur moratoire sur les exécutions, et par ailleurs, votent en faveur de la résolution des Nations unies pour un moratoire universel sur l’application de la peine de mort en décembre 2018. Notre message nous a paru d’autant plus important car même si la marche vers l’abolition de la peine de mort est certaine en Afrique, plusieurs pays – qui se sont pourtant engagés à respecter les droits de l’homme- ont encore recours à la peine de mort et ce, dans des conditions qui ne respectent pas toujours les règles du procès équitable. Oui, il était absolument nécessaire que le sujet de l’abolition de la peine de mort en Afrique soit abordé. »

Que peut apporter la CADHP au niveau du mouvement abolitionniste africain, particulièrement au Cameroun?

« Pour un militant abolitionniste qui a l’ambition de mener un plaidoyer au niveau africain, la participation à la CADHP est indispensable. Je suis maintenant édifié quant à la démarche à entreprendre pour acquérir le statut d’observateur qui seul permet à une ONG de faire une communication en son nom propre lors d’une session de la CADHP. Je me suis servi de cette tribune qu’est la CADHP pour sensibiliser la communauté africaine à la situation particulière de la peine de mort au Cameroun, aux conditions de procès et d’incarcération des condamnés à mort. Par ailleurs au cours de cette session de la CADHP, j’ai eu l’opportunité de rencontrer certains membres du Groupe de travail sur la peine de mort avec qui j’ai eu une séance de travail portant sur le Cameroun. J’ai également établi des contacts avec des ONG et des acteurs abolitionnistes africains impliqués dans la lutte contre la peine de mort pour demander leur soutien dans nos futures actions de terrain. Je remercie très sincèrement ECPM qui a rendu possible et soutenu ma participation à la CADHP. »