L’abolition inséparable de la démocratie espagnole
16 mai 2013
Notre Constitution de 1978 entraîna l’abolition de la peine de mort, trois ans seulement après les dernières exécutions en Espagne. Nous sommes ainsi devenus le pays le plus rapide à passer de l’exécution de prisonniers à l’introduction de l’abolition de la peine capitale dans sa loi fondamentale : une autre preuve de la ferme volonté des constituants espagnols de construire, d’une façon positive, la démocratie naissante.
L’Espagne est un pays abolitionniste “de jure” qui considère la lutte contre la peine de mort comme un pilier fondamental de sa politique étrangère des droits de l’homme. Cette ferme conviction repose sur des textes légaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ou la Convention européenne de droits de l’homme et des libertés fondamentales de 1950, ainsi que sur la ferme politique de l’Union européenne.
Nous considérons que la peine de mort est un châtiment cruel, inhumain et dégradant, contraire à la dignité humaine, sans effets dissuasifs prouvés sur le comportement criminel, qui provoque des effets irréparables en cas d’erreur judiciaire. Certains défenseurs de la peine de mort allèguent qu’il faut la réserver pour les crimes les plus graves, comme le terrorisme. Cependant, l’Espagne a lutté contre le terrorisme en faisant usage de la peine de mort avant l’approbation de la Constitution, puis sans l’utiliser depuis l’avènement de la démocratie. Notre histoire prouve que l’État de droit et le poids de la justice sont les outils les plus efficaces à la portée d’une société démocratique et respectueuse de droits de l’homme.
L’Espagne a toujours accordé toute son attention à ses ressortissants condamnés à mort à l’étranger, à travers l’exercice de la protection reconnue par la Convention de Vienne sur les relations consulaires de 1963, ainsi que par le biais d’un programme d’aides pour l’assistance juridique à l’extérieur.
Au niveau international, la stratégie de l’Espagne dans la lutte contre la peine de mort est marquée par d’importantes initiatives, telles que la création de la Commission internationale contre la peine de mort en 2010 et la proposition de la ville de Madrid comme lieu du 5e Congrès mondial contre la peine de mort, du 12 au 15 juin 2013.
La lutte contre la peine de mort est une lutte universelle. Espérons que ce Congrès nous permettra de faire appel à la conscience collective dans le combat universel pour l’abolition, un combat dans lequel tous, sans exception, sommes impliqués.
José Manuel García-Margallo y Marfil
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération d’Espagne
L’Espagne parraine le 5e Congrès mondiale contre la peine de mort.