« Le Barreau de Beyrouth évolue vers l’abolition »


9 février 2014

A l’occasion de la Conférénce nationale contre la peine de mort qui s’est tenue dans la capitale libanaise du 24 au 25 janvier 2014, Georges Jreij, le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyroutyh, confirme ses engagements abolitionnistes. Interview.

Monsieur le bâtonnier, félicitations pour votre récente élection à ce poste. Est-ce une surprise pour vous ou vous vous attendiez à cette réussite ?

Je suis inscrit au Barreau de Beyrouth depuis de nombreuses années et ce n’est pas vraiment une surprise dans le contexte de ma longue carrière d’avocat. J’ai déjà été candidat au poste dans le passé et je suis fier d’être élu cette fois-ci.

Au tout début de votre mandat vous faites un geste fortement symbolique : le Barreau de Beyrouth accueille la Conférence nationale contre la peine de mort au Liban. Est-ce un engagement à long terme ?

Pour moi, la peine de mort est un crime et je pense qu’il ne faut pas répondre à un crime par un autre crime. Mais je pense que le Barreau de Beyrouth évolue dans le même sens que la plupart des pays dans le monde : vers l’abolition de la peine capitale.

C’est une tendance qui évolue parallèlement aux efforts nécessaires pour réformer le système pénitentiaire et l’aide juridictionnelle au Liban. Les prisons libanaises sont surpeuplées et nous cherchons des solutions à ce problème. Nous travaillons également pour aider les prisonniers à s’intégrer dans la société après leur libération et à continuer sainement leur vie. La réflexion sur la peine de mort au Liban a toute sa place dans ce contexte de réformes.

Vos confrères du Barreau de Beyrouth partagent-ils vos convictions abolitionnistes ?

Oui, je suppose qu’ils les partagent. Je représente 10 000 avocats inscrits à l’Ordre de Beyrouth. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont tous abolitionnistes… Mais le débat sur la peine de mort au Liban n’est pas nouveau. Le Liban s’est engagé à respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme et le droit à la vie. La peine capitale n’est pas compatible avec ces engagements. Le Liban n’est peut-être pas prêt pour passer le cap dans l’immédiat. Mais il se trouve dans la période transitoire et il respectera ce moratoire de fait.

Où est-ce que les organisations abolitionnistes doivent concentrer leurs efforts actuellement ? Quelles sont les priorités pour réussir la sensibilisation de l’opinion publique ?

Il y a eu déjà plusieurs propositions de loi pour abolir la peine de mort. Les efforts devraient se concentrer actuellement plus dans le travail d’éducation de la jeunesse. Les actes terroristes que le Liban subit ces derniers mois renforcent les convictions des adeptes de la peine de mort. Il est crucial de faire comprendre à la société libanaise que la peine capitale n’est pas dissuasive. Je pense que les organisations abolitionnistes devraient concentrer leurs efforts dans ce domaine.

Propos recueillis par Desislava Raoul

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