Le symbole Mumia demeure, les condamnations de journalistes déclinent


7 octobre 2011

A l’occasion de la neuvième journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre 2011, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Reporters sans frontières rappellent que dans certains pays, être journaliste, animer un site ou tenir un blog peut encore exposer à la peine capitale.

Pour certains régimes, “la subversion”, “l’atteinte à la sûreté de l’État” ou encore “l’apostasie” sont autant de motifs de punir de mort la critique d’un gouvernement, la caricature d’un dirigeant ou le traitement d’un sujet sensible. En Iran et au Vietnam, ils sont toujours une dizaine, pour la plupart blogueurs et net-citoyens, à attendre une exécution ou à encourir le châtiment suprême. Qu’advient-il de Vahid Asghari, âgé de 25 ans, incarcéré depuis 2008 à Téhéran et dont la date exacte de la condamnation à mort n’a jamais été rendue publique ?

Négation de la Justice par une justice qui tue, la peine de mort est aussi menace et incitation à l’autocensure. La Chine, au premier rang mondial des exécutions, prévoit 55 motifs de condamnation à mort dont au moins trois “offenses majeures” en forme d’entraves directes à la liberté d’expression : “menace à la sécurité publique”, “instigation à la division du pays” et “divulgation de secrets d’État”. En Ouganda, les journalistes emprisonnés Augustine Okello et Patrick Otim attendent toujours de savoir si des faits présumés de subversion et de trahison peuvent leur coûter la vie. De même l’homme de radio soudanais Abdelrahman Adam, accusé d’avoir enfreint le secret d’État et détenu depuis octobre 2010.

Pourtant, le nombre de journalistes condamnés diminue. Même en Iran, au deuxième rang des exécutions dans le monde, des peines de mort sont commuées ou annulées. La peine capitale ne décourage pas le crime pas plus qu’elle ne répare la faute. Elle peut encore moins briser ce droit inaliénable d’informer, de contester et de prendre la parole.

Parmi ces exceptions que sont devenus les journalistes condamnés à mort, le plus ancien d’entre eux symbolise aujourd’hui la cause de l’abolition. Il n’est pas iranien, vietnamien ni soudanais mais citoyen des Etats-Unis d’Amérique. Condamné pour le meurtre d’un policier au terme d’un procès entaché d’irrégularités et de racisme, Mumia Abu-Jamal aura bientôt passé trente ans dans le couloir de la mort. Aurait-il connu le même sort s’il n’était cette “Voix des sans voix” qu’il continue de faire entendre depuis sa cellule ? Serait-il aujourd’hui victime de cet acharnement judiciaire du ministère public de Pennsylvanie qui bloque toujours la tenue d’un nouveau procès ?

Trente ans. Un temps interminable de réclusion à l’épreuve de l’exécution programmée. Un temps pas si lointain, en France, où la guillotine a cessé de fonctionner. Coïncidence des dates. Le symbole n’en est que plus fort pour réclamer, après l’exécution de Troy Davis, que Mumia Abu-Jamal échappe à l’assassinat judiciaire.

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