New Hampshire, la déception
18 avril 2014
Le Sénat du New Hampshire n’a finalement pas abrogé la peine de mort. Le vote s’est joué à une voix près. Le 17 avril, après des semaines de débat éprouvant, 12 sénateurs ont voté pour et 12 autres contre. Une égalité qui revient à rejeter le projet de loi HB 1170 pour l’abolition de la peine de mort.
Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour que le New Hampshire devienne le 19e État américain à abolir la peine de mort. En mars, la Chambre des représentants avait approuvé le projet de loi, par 225 voix contre 104. La commission Justice du Sénat s’était aussi prononcée pour. De son côté, la gouverneure démocrate Maggie Hassan, en poste depuis 2013, avait affirmé qu’elle n’opposerait pas son veto et avait même envie que son État penche du côté des abolitionnistes. Quant au seul condamné à mort dans le New Hamsphire, Michael Addison, 33 ans, reconnu coupable du meurtre d’un policier, il n’aurait bénéficié d’aucun réaménagement de peine. Il était prévu que la loi ne soit pas rétroactive.
Cela s’est donc joué à quasiment rien, d’autant que ce vote ne s’est pas inscrit dans une logique de parti. Dans cet État traditionnellement conservateur mais qui n’a procédé à aucune exécution depuis 75 ans, certains républicains ont changé de camps au cours des discussions tandis que des démocrates continuaient de défendre la peine de mort. Les abolitionnistes du New Hampshire, avec l’appui de la Coalition mondiale contre la peine de mort et l’association Ensemble contre la peine de mort, avaient réussi à faire naître une coalition au-delà des appartenances politiques. Mais cela ne s’est pas avéré suffisant.
C’est la deuxième fois en quatorze ans qu’un projet de loi abolitionniste est rejeté dans cet État de la Nouvelle Angleterre dont tous les voisins ont abrogé depuis longtemps la peine de mort. En 2000, l’opposition n’était venue ni de la Chambre des représentants ni du Sénat mais de la gouverneure démocrate de l’époque : Jeanne Shaheen avait opposé son veto, alors que les deux assemblées s’étaient prononcées pour l’abolition.
Un espoir
Néanmoins, il reste encore un espoir. Le 17 avril, les sénateurs ont certes rejeté le projet mais ils ont aussi accepté de le laisser à l’étude (« laid on table », selon la formule consacrée en anglais). Il pourrait donc y avoir un nouveau vote avant la fin de la session parlementaire. « Ce qui nous laisse quelques mois pour convaincre un sénateur de plus », confie au site d’information Sea Coast Renny Cushing, grande figure du mouvement abolitionniste aux États-Unis siégeant à la Chambre des représentants du New Hampshire. C’est notamment lui, dont le père puis le beau-frère ont été tués par balle, qui a défendu à bout de bras le projet de loi. Renny Cushing espère que « parmi les douze sénateurs qui ont voté contre au moins un entendra cet appel historique pour l’abolition. »
Camille Sarret
Photo de Jim Cole/AP