6e Congrès mondial contre la peine de mort : un événement mondial pour de nouveaux enjeux


2 mai 2016

Comme pour les précédentes éditions, ECPM a élaboré un programme qui puisse rendre compte de la situation de la peine de mort dans toute sa diversité. Mais le menu de cette année développe également des thèmes et des modes d’actions spécifiques. Tour d’horizon.

Deux plénières pour de nouvelles stratégies

Les événements incontournables du Congrès sont sans conteste les assemblées plénières. La première d’entre elles traitera du continent qui exécute le plus dans le monde : l’Asie. Un an après le congrès régional sur la peine de mort organisé en Malaisie par ECPM, l’assemblée permettra notamment de faire un état des lieux des forces abolitionnistes. Surtout, il s’agira d’élaborer de nouvelles stratégies et de dénombrer les quelques bonnes nouvelles qui nous viennent d’Asie. La Chine, en dépit de son utilisation endémique de la peine de mort, a par exemple diminué dans son code pénal le nombre de crimes passibles de la peine capitale. La question : « Comment les développements positifs récents peuvent-ils servir à surmonter les obstacles fréquemment rencontrés dans les pays rétentionnistes ? »

La deuxième plénière concernera quant à elle les Institutions Nationales des Droits de l’Homme. Avec la progression des droits de l’homme dans le monde, de nombreux états ont impulsé la création de ces institutions suivant des modèles extrêmement variés. Des structures hybrides, placées quelque part entre État et société civile, qui ne sont pas toujours facile à appréhender. Si aucune INDH ne ressemble à une autre, si leur indépendance vis-à-vis des autorités varie, une évidence subsiste : c’est en travaillant avec ces acteurs complexes que l’abolition peut avancer dans le monde. C’est donc la question de la méthode qui se posera lors de la plénière.

L’information : comment l’obtenir, comment la valoriser

Aujourd’hui plus que jamais, l’information constitue un élément essentiel de la lutte contre la peine de mort. La question de la gestion de données sera donc particulièrement présente à Oslo, notamment à travers deux événements. La table ronde « Documenter l’utilisation de la peine de mort » s’articulera autour de la question « Comment surmonter les obstacles liés à la collecte et au partage d’informations ainsi qu’à la surveillance des pratiques des États ? » Si le congrès mondial vise à fédérer les acteurs et à coordonner leurs actions par-delà les frontières, la peine de mort recouvre de nombreuses réalités suivant les contextes. La nature des États est un élément incontournable du mode d’action des ONG. Certains pays ont développé un modèle de surveillance plus invasif que d’autres. Certains pays entourent les exécutions de secret et retiennent les informations, d’autres non. Cette table ronde sera donc l’occasion de mieux rendre compte de la diversité de ces phénomènes et d’échanger outils et expériences pour faire avancer plus efficacement l’abolition.

Que faire de l’information une fois qu’on l’a obtenue ? Dans le prolongement de la table ronde, un atelier posera la question de comment communiquer efficacement avec les médias. Les journalistes constituent un relais majeur pour les acteurs de l’abolition. Pour autant, il n’est pas toujours facile de savoir comment travailler avec eux, et quelles informations leur fournir pour que l’abolition de la peine de mort se maintienne dans l’agenda médiatique. Encore une fois, il s’agira lors de cet atelier de couvrir la diversité des pratiques suivant les régions. Des journalistes participeront également à l’événement, ce qui permettra aux acteurs engagés contre la peine capitale de mieux comprendre les exigences, les attentes et les contraintes que connaissent ceux qui travaillent dans les médias.

La peine de mort, injustice aux mille visages

Le programme du 6e Congrès mondial aura également à cœur de rendre compte des multiples enjeux que recouvre la peine de mort sur la planète. De nombreux événements parallèles seront consacrés à l’application de la peine de mort et au combat pour l’abolition dans des régions précises. Ainsi, le Comité norvégien d’Helsinki organisera une rencontre consacrée à la peine de mort en Biélorussie, dernier pays européen à appliquer la peine capitale. The Rights Practice, de son côté, invitera le public à s’informer sur les crimes liés à la drogue et la peine de mort en Chine. Iran Human Rights, Impact Iran et ECPM poseront quant à eux la question de la fin de l’isolement en Iran : quel impact sur la peine de mort ? C’est enfin aux enfants de condamnés à mort ou exécutés que le Quaker United Nations Office consacrera son événement parallèle.

Pour le congrès d’Oslo, ECPM a choisi de mettre l’accent sur un groupe d’acteurs particulier : les avocats. Un atelier leur sera spécifiquement réservé autour de la question de la représentation juridique efficace des personnes encourant la peine de mort. L’occasion, pour les avocats de partager leurs expériences et de créer ou d’étoffer leur réseau. Autre innovation : un speed dating individuel sera organisé. Ces petites réunions informelles permettront aux participants qui le désirent de rencontrer un avocat expérimenté pour discuter d’un cas d’infraction passible de la peine de mort ou des défis concrets auxquels il est confronté dans son travail. Au fait, pour ceux qui souhaitent participer à ce nouveau dispositif vous avez jusqu’au 3 juin pour vous inscrire. À bientôt à Oslo !