Drogue et terreur politique derrière la peine capitale en Iran


4 avril 2013

Pour la deuxième année consécutive, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Iran Human Rights (IHR) publient un rapport alarmant sur la situation de la peine de mort en Iran.

A l’approche de la nouvelle élection présidentielle de juin 2013, ECPM et IHR appellent à une vigilance accrue et à une mobilisation forte des activistes de la diaspora iranienne pour le Congrès mondial contre la peine de mort qui aura lieu à Madrid du 12 au 15 juin prochain.

Soumis à un embargo économique et à des pressions politiques fortes de la communauté internationale, le régime théocratique de Khamenei fait face à la dégradation continue des conditions de vie de la population. Après les manifestations post-électorales de 2009, et dans le contexte régional du Printemps arabe, les autorités iraniennes risquent une nouvelle contestation populaire à l’approche des élections. Cette situation fait craindre une accentuation de la politique de terreur menée par l’appareil sécuritaire avec l’utilisation de la peine de mort comme outil d’intimidation et de répression politique.

Au moins 580 personnes ont été exécutées en 2012 en Iran. Depuis la dernière élection présidentielle, le nombre des exécutions publiques est en constante augmentation. Avec 60 cas recensés, elles ont été en 2012 plus de six fois plus élevées qu’en 2009. Notre rapport met également en exergue l’augmentation des exécutions secrètes (286 exécutions non officielles en 2012) pratiquées dans au moins quinze prisons iraniennes et met un accent spécifique sur l’application de la peine de mort pour des membres de minorités en Iran. Vous pouvez télécharger ici l’intégralité du rapport en français, anglais et farsi.

Trois exécutions sur quatre liées à la drogue

Les condamnations pour des délits liés à la drogue représentent encore la majorité des exécutions (76 %). Dans la perspective du prochain Congrès mondial, Ensemble contre la peine de mort et Iran Human Rights lancent une pétition pour demander à l’Union européenne qu’elle oblige ses Etats membres à imposer, comme condition à leur contribution au programme de lutte internationale contre le trafic de drogue en Iran, la transparence des procédures judiciaires ainsi que la mise en place d’un moratoire sur les condamnations à mort liées au trafic de drogue. Rejoignez-nous pour financer une justice équitable en Iran, pas les exécutions ! (retrouver la pétition sur notre site internet le 9 avril).

Le Rapport est le résultat des efforts déployés par des défenseurs des droits de l'homme, des membres et affiliés d’Iran Human Rights en Iran qui, dans certains cas, ont pris des risques sérieux afin de fournir une information plus précise que celle diffusée par les canaux officiels sur la réalité judiciaire de la peine capitale dans ce pays. Il permet, au-delà des formules incantatoires, de dénoncer, sur la base d’informations fiables, une réalité quotidienne du peuple iranien. ECPM et IHR le présentent à plusieurs associations des droits de l’homme iraniennes et françaises le jeudi 4 avril 2013 à Paris et à la délégation Iran et la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen le mercredi 24 avril 2013.

Nicolas Braye
Chargé du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord
ECPM