Les actes, à quoi ça sert ?
9 février 2015
Quels types d’actes produisez-vous à ECPM ?
Nous rédigeons des actes à la suite de chaque conférence que nous jugeons importante, c’est-à-dire celles organisées sur plusieurs jours à une échelle nationale, régionale ou mondiale. Nous produisons deux types d’actes. Soit des actes sous forme de verbatim : une retranscription écrite des interventions orales, complétée si nécessaire par des fiches d’information sur chaque pays participant. Soit des actes sous forme d’analyse approfondie. C’est un travail que nous menons essentiellement pour les congrès régionaux et mondiaux. L’idée est d’offrir des articles d’analyse qui reprennent les propos des intervenants et les échanges avec le public pour chaque table ronde, atelier ou plénière.
Pourquoi produisez-vous des actes ?
Les actes ne sont pas destinés au grand public mais aux universitaires, étudiants, militants et décideurs politiques. Ils permettent d’identifier les stratégies d’abolition à mettre en oeuvre selon les contextes. à partir des contenus produits, on dégage des orientations et des recommandations, ce qui nous sert par la suite à développer des projets. Par exemple, c’est à partir des actes de la conférence de Rabat organisée en 2008 que nous avons proposé un projet aux autorités marocaines et que nous avons obtenu des financements auprès de l’Union européenne. Les actes permettent aussi de rendre compte de l’événement à l’ensemble de nos partenaires et donateurs.
Est-ce un un outil de lobbying efficace ?
Nous nous servons systématiquement des actes pour impliquer les autorités dans nos actvités. Nous leur faisons part des constats et leur soumettons nos conclusions pour leur demander ce qu’il est possible de faire ensemble. Nous pouvons même aller plus loin dans certains cas : rappeler aux décideurs ce qu’ils ont pu dire officiellement à l’une de nos conférences. à l’ouverture de la conférence de Kinshasa en 2012, le ministre des Affaires étrangères de la RDC SE Alexis Thambwe Mwamba s’etait déclaré en faveur d’un moratoire. Il était prêt à l’officialiser et à pousser son pays dans cette voie. Il a dû par la suite quitter son poste mais il vient d’être nommé ministre de la Justice. Notre partenaire local a alors sollicité une audience et, sur la base de ses propos tenus en 2012, lui a proposé un plan d’action. Le minsitre a notamment accepté de soutenir l’organisation d’un séminaire parlementaire sur la peine de mort qui sera orgnianisé en RDC en 2015.
N’est-ce pas un outil qui mériterait d’être « modernisé » ?
Il vrai qu’aujourd’hui nous privilégions davantage la version numérique et soignons plus la mise en page pour faciliter la lecture : moins de texte, plus de photos ! Le travail de synthèse est aussi plus poussé. Les recommandations deviennent l’élément essentiel du document. Au congrès régional de Rabat, après chaque atelier et table ronde, les participants devaient donner leur conclusions et proposer des pistes de travail à développer. C’est un outil que nous faisons évoluer mais il n’est pas question de l’abandonner.
Les actes constituent de précieux documents sur la réalité de la peine de mort dans le monde. En Asie du Sud-Est, par exemple, il n’existe quasiment pas d’informations précises sur la peine de mort. Donc le Congrès régional que nous allons organiser en Malaise en juin prochain fera l’objet d’une production d’actes ! Ce sera la première fois qu’un document scientifique sera publié sur cette thématique dans cette région. De même, en Mauritanie, il n’y a aucun document écrit sur l’utilisation de la peine capitale par les autorités. Donc, des actes seront également publiés à la suite de l’événement que nous envisageons d’organiser à Nouakchott dans le courant de l’année. D’autant que c’est un réel besoin pour les associations locales de défense des droits de l’homme pour la construction de leur plaidoyer. C’est un outil de travail qui reste indispensable à nos actions !
Propos recueillis par Camille Sarret.