Printemps des peuples arabes : l’espoir d’un changement


29 août 2011

L’hiver 2010 aura été marqué par le Printemps des peuples arabes inauguré par deux révolutions démocratiques en Tunisie et en Égypte. Portés en exemple, doit-on encore attendre de voir les scénarios tunisien et égyptien se rejouer dans l’ensemble des pays arabes ? Rien n’est moins sûr, mais l’espoir d’un changement doit demeurer.

Le 17 décembre 2010, Mohammed Bouazizi, jeune vendeur de fruits et légumes tunisien s’immole par le feu à Sidi Bouzid et déclenche ainsi la révolte du peuple tunisien et la chute de leur président, Ben Ali, le 14 janvier 2011… Dix jours plus tard, l’Egypte se soulève à son tour, précipitant le départ de Hosni Moubarak, le 11 février 2011. Les dénominateurs communs ayant entraîné ces révolutions démocratiques sont la corruption, la misère, le blocage politique et le manque d’avenir pour la jeunesse. L’importance du web et des réseaux sociaux, tels Facebook ou Twitter, comme outils de mobilisation a été centrale, tout comme la menace par les dictateurs de l’usage de la peine de mort à l’encontre des opposants aux régimes en place depuis des décennies.

L’onde de choc se propage mais les scénarios diffèrent

Après la chute de Moubarak, l’onde de choc s’est étendue à toutes les capitales arabes, d’Alger à Rabat en passant par Tripoli et Sanaa. Pourtant aujourd’hui, les scénarios tunisiens et égyptiens ne se sont pas reproduits. La Libye s’enfonce dans une guerre civile sanglante, à Bahreïn et au Yémen, les manifestants se heurtent à une répression des régimes en place, tandis que les autres pays du Golfe (lien) font montre d’un calme fragile, où les autorités se tiennent prêtes à réprimander… Les situations politiques et culturelles ne sont pas comparables à la Tunisie et l’Egypte et nul ne peut prédire comment évolueront ces pays, une fois la situation stabilisée.

Une longue route vers la démocratie

Difficile également de savoir aujourd’hui précisément quel sera le visage politique en Tunisie et en Egypte. Pour le moment, un vrai espoir démocratique pourrait venir de la Tunisie. Les Tunisiens doivent voter le 24 juillet pour l’élection d’une Assemblée constituante, premier pas vers l’élaboration d’une nouvelle constitution démocratique. On peut donc espérer que le débat sur l’abolition de la peine de mort reprenne. Il en avait déjà été question en mars 2008, avec un projet de loi signé par 25 députés tunisiens en vue d'être présenté à la Chambre des députés. Mais il reste du chemin à parcourir car, pour l’heure, Zine El Abidine Ben Ali, en fuite en Arabie saoudite, est accusé par le nouveau Premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebsi, de « haute trahison », crime encore passible de la peine de mort.

En Egypte, où les affrontements entre chrétiens coptes et musulmans se poursuivent, les citoyens pourraient être amenés à voter le 19 mars prochain, lors d’un référendum sur des amendements à l’actuelle Constitution. Mais, la transition politique semble plus difficile à se mettre en place, et les divisions au sein de la population compliquent les choses. Le gouvernement de transition a mis en garde contre un risque de « contre-révolution » et dans ce contexte, il est à craindre un durcissement politique. En témoigne la proposition faite par le nouveau gouvernement au Conseil suprême des forces armées, organe à la tête du pays, d’une loi criminalisant les incitations à la haine, qui pourrait les rendre passibles de la peine de mort…