Retour sur le Congrès Africain avec Pete Ouko, ancien condamné à mort au Kenya


22 mai 2018

 

Pendant le Congrès Africain, nous avons eu la chance de recevoir des personnes incroyables venues nous raconter leurs années passées dans le couloir de la mort. Pete Ouko, du Kenya, est l’un d’entre eux. Condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis, il a finalement été gracié et relâché 18 ans après. Il est désormais diplômé en droit, et consacre son énergie à défendre les droits des détenus en Afrique.

Pete a fait un discours lors de la cérémonie d’ouverture à la fois bouleversant et teinté d’espoir. Pendant le Congrès, il n’a cessé de raconter généreusement son expérience derrière les barreaux, nous donnant une raison supplémentaire de continuer à nous battre pour l’abolition de la peine de mort. Aujourd’hui, il nous livre ses impressions sur le Congrès. 

 

Les participants aux Congrès sont déjà convaincus de l’utilité de l’engagement contre la peine de mort. Quel est donc l’intérêt de témoigner devant eux? 

J’ai été victime d’une injustice qui m’a envoyé dans le couloir de la mort pour un crime que je n’ai jamais commis. Je souhaite partager mon histoire pour renforcer le fait que la peine de mort doit être abolie, puisqu’elle envoie de nombreux innocents à la potence. Une motivation supplémentaire est qu’elle n’a plus d’utilité aujourd’hui, si tant est qu’elle en ait eu une un jour. Ôter la vie d’un autre est inhumain, dégradant et abominable, quelle qu’en soit la raison. 

Quels étaient pour toi les moments phare du Congrès ?

J’ai adoré le discours d’ouverture prononcé par le Ministre de la Justice, le discours du directeur d’ECPM, la chanson des jeunes et le concert final de Kajeem. Au delà de cela, j’ai adoré les sessions auxquelles j’ai participé : leurs modérateurs et invités étaient très ingénieux et compétents. J’ai beaucoup appris.

Quel effet le Congrès Africain a-t-il eu sur toi ? 

Le Congrès a fait de l’abolition de la peine de mort mon principal engagement, et m’a invité à persévérer jusqu’à ce qu’il soit réalisé. 

Quelle est pour toi la prochaine étape vers l’abolition de la peine de mort ?

Je parle de l’abolition dans chaque forum où je vais, et j’espère voir les nombreux pays qui l’appliquent encore l’abolir. J’aimerais participer à de nombreux séminaires, afin de découvrir les différentes approches que d’autres mettent en oeuvre pour atteindre ce même but, avant que l’on se retrouve tous au Congrès Mondial de Bruxelles.

Quel rôle peuvent jouer les jeunes dans l’abolition ?

Ils doivent être informés, afin qu’ils puissent s’approprier la bataille contre la peine de mort et la faire avancer – la majorité des victimes de la peine de mort sont jeunes. 

Et les médias ?

Les médias ont besoin que les défenseurs des droits de l’homme les aident à diffuser le message pour l’abolition. Je pense qu’ECPM et les autres acteurs abolitionnistes doivent avoir des ambassadeurs, afin de continuer à transmettre le message dans les événements propices.