Un journaliste saoudien risque la peine de mort pour apostasie !


13 février 2012

En Arabie Saoudite, l’exercice de la liberté de la presse peut s’avérer être un jeu très dangereux. En effet, un jeune journaliste saoudien de 23 ans, risque la peine de mort pour apostasie pour avoir publié des propos jugés blasphématoires sur son compte twitter.

Le 4 Février dernier, date anniversaire de la naissance de Mahommet, Hamza Kashgari décide de s’adresser directement à Mahommet sur son compte twitter en ces mots : « Le jour de ton anniversaire, je te trouve où que je me tourne. J’ai aimé certaines choses en toi mais j’en ai abandonné d’autres, et je n’ai pas compris beaucoup de choses à ton sujet. »

Ces déclarations ont suscité de nombreuses réactions négatives en Arabie Saoudite qui applique un Islam rigoriste. Pour le comité des Fatwas (édits religieux basés sur la Charia) les écrits de Hamza Kashgari constituent l’infraction d’apostasie, passible en Arabie Saoudite, de la peine capitale.
Le jeune homme, dépassé par l’ampleur des évènements avait effacé son commentaire sur twitter et s’était excusé publiquement. Pourtant, le jeune homme, qui avait reçu des menaces de mort, a été obligé de fuir le royaume wahhabite.

Le 12 Février dernier, la cavale de ce journaliste s’est terminée à Kuala Lumpur où il a été arrêté par la police malaisienne après qu’un mandat international ait été lancé par Interpol à la demande des autorités saoudiennes. Extradé vers l’Arabie Saoudite, Muhammad Afiq Mohamad Nour, avocat de Hamza Kashgari a déclaré qu’il craint que son client ne bénéficie pas d’un procès équitable et qu’il encoure la peine de mort s’il est jugé pour apostasie.

Ce cas n’est pas sans rappeler la condamnation à mort prononcée à l’égard de Saed Maleekpour, programmateur informatique iranien, condamné à mort en Iran pour avoir hébergé des sites pour adultes et insultes à la religion.

Raphaël Chenuil-Hazan, directeur d’ECPM rappelle l’importance de protéger la liberté de la presse en particulier dans les pays qui muselle la bouche des journalistes par la menace d’une condamnation à mort en cas de publication d’un propos contraire à la religion ou au régime. Il se dit choqué par l’extradition de Hamza Kashgari de la Malaisie vers l’Arabie Saoudite, et ne comprend pas qu’elle ait été possible, notamment grâce au concours d’Interpol, alors que la menace de la condamnation à mort était manifeste ce qui aurait dû engager la Malaisie à offrir à ce journaliste un droit d’asile.

Marianne Rossi